00:30 Accueil de Patrick Hermann, président des Verts neuchâtelois
08:30 Dominique Bourg « Planète, état des lieux »
44:30 Christian Arnsperger « Ecologie intégrale:
Quelles conditions pour un société durablement « permacirculaire »? »
1:16:30 Questions-débat
Dominique BOURG et Christian Arnsperger
Des politiques publiques totalement décalées par rapport à l’urgence qui découle des rapports scientifiques.
Dominique BOURG, philosophe, est professeur honoraire de l’Université de Lausanne depuis le 1er août 2019.
Il dirige notamment la collection « L’écologie en questions » aux Puf.
Il est ou a été membre de plusieurs commissions françaises : la CFDD, la Commission Coppens chargée de préparer la Charte de l’environnement désormais adossée à la Constitution française, le Conseil national du développement durable ; il a vice-présidé la commission 6 du Grenelle de l’environnement et le groupe d’études sur l’économie de fonctionnalité et a participé à la Conférence environnementale de septembre 2012. Il a été membre du conseil scientifique de l’Ademe. Il a été vice-président, puis président du conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot et a participé à l’Organe de prospective de l’Etat de Vaud. Il préside le conseil scientifique de la Fondation Zoein (Genève).
Ses domaines de recherches sont l’étude de la pensée écologique, les risques et le principe de précaution, les stratégies de dématérialisation de l’économie, la démocratie écologique.
Officier de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du mérite. Lauréat du prix du « Promeneur solitaire » (2003) et du prix Veolia de l’environnement (2015). Tête de la liste Urgence écologie aux élections européennes de 2019.
Il a récemment publié: Dictionnaire de la pensée écologique, (avec Alain Papaux, Puf, 2015) et Une Nouvelle Terre (Desclée de Brouwer, 2018) ainsi que Le marché contre l’humanité. Déchéances de souveraineté (à paraitre aux Puf).
Son message essentiel est le suivant : l’état de la planète qui ressort des rapports du GIEC ou de celui de l’IPBES est dramatique, il appelle des actions quasi immédiates. Concernant le climat, le rapport SR 15 du GIEC exige pour éviter de dépasser la cible des 1,5 – 2 degrés Celsius, de réduire de 45 % les émissions mondiales d’ici à 2030. Ce qui signifie un pic mondial en 2020, puis une redescente des émissions. Impossible de réaliser ou de s’approcher d’un tel objectif par les seules techniques sans changement des modes de vie. Concernant le vivant, la situation est tout aussi urgente, mais les réponses sont autrement complexes. En tous cas, une conversion lente à l’agroécologie n’est pas une réponse adéquate. Or, les programmes politiques des États comme ceux des forces d’opposition ou minoritaires n’ont rien à voir avec cette urgence.
Christian Arnsperger, économiste, est professeur à l’Institut de géographie et durabilité de l’Université de Lausanne. Ses recherches et enseignements portent principalement sur les enjeux fondamentaux de la durabilité forte, avec un accent particulier mis sur les interactions entre économie, culture et spiritualité. Ses travaux se centrent notamment sur les liens entre croissance économique, surconsommation et peurs existentielles, et sur les apports des cultures dites “indigènes” aux changements socio-culturels nécessaires en Occident. Ancien conseiller scientifique de la Banque Alternative Suisse (BAS), il a été directeur de l’Institut de géographie et durabilité de l’UNIL et co-dirige le Centre Lausannois d’Etudes sur l’Anthropocène, tout en enseignant également à l’EPFL. Il a récemment publié Ecologie intégrale: Pour une société permacirculaire (avec Dominique Bourg, PUF 2017). Son argument essentiel prendra appui sur les deux constats centraux de Dominique Bourg, qu’il partage à 100% — à savoir, d’une part la défaillance des politiques publiques actuelles et, d’autre part, l’importance de la mutation des modes de vie. La question socio-anthropologique qui se pose en arrière-fond est de savoir comment faire muter nos modes de vie, et vers quoi. Il y a là un enjeu — inédit dans l’histoire de l’humanité — de changement psychologique et culturel, qui doit accompagner l’enjeu du changement politique et institutionnel. Se situant dans le cadre de la “société permacirculaire” développée avec Dominique Bourg dans leur ouvrage de 2017, prenant pour acquise la nécessité d’introduire le Revenu de transition écologique prôné par Sophie Swaton (atelier « Finance ») dans son ouvrage de 2018, et défendant l’idée d’une nécessaire refonte des mécanismes de création monétaire, il discutera les outils que l’anthropologie économique existentielle (qu’il développe lui-même depuis 20 ans, et plus récemment avec sa doctorante Sarah Koller) peut apporter en appui à ces cadres institutionnels, afin de créer une véritable dynamique de “décroissance” et de remise en question des fondements actuels de notre culture.
Pour lui, face aux urgences environnementales constatées, et en appui à la refonte radicale des politiques publiques, un travail psycho-culturel de “ré-écologisation des profondeurs” et de “ré-indigénéisation” doit être mis en route d’urgence